SIDI HAMOU:LE CELEBRE POETE AMAZIGH DE SOUSS
Sidi H'ammu est le poète chleuh le plus célèbre de la période
ancienne. Surnommé bab n umarg, le maître de la poésie, la tradition
lui attribue un grand nombre de pièces, aujourd'hui encore récitées. Il
faisait non seulement des poémes mais il parlait aussi en vers, ainsi
que l'attestent les nombreux bouts rimés que l'on conserve de lui.
On
connaît mal sa vie, envahie par les légendes, voire les faits
miraculeux. Comme les imdyazen, les poètes ambulants des temps
modernes, il allait de village en village, récitant ses pièces.
Beaucoup de poèmes ont été composés au cours de ses pérégrinations : il
traitent souvent de faits et d'anecdotes vécues par le poète. L'aire
chleuhe étant très vaste, la langue connaissant une grande variété :
Sidi H'ammu devait s'exprimer dans une sorte de berbère moyen, compris
de tous.
Comme un grand nombre de poétes berbères (voir Si
Moh'and, pour la Kabylie, par exemple), il aurait reçu de Dieu (ou des
saints) le don de faire des poèmes.
On rapporte qu'il entra en
rivalité avec un poète noir du Draâ à propos d'une jeune fille
prénommée Fad'ma et dont chacun voulait obtenir les faveurs. Le poète
composa une pièce de vers satiriques, insultant copieusement son rival
et le calomniant. La jeune fille aurait bien penché pour Sidi H'ammu,
mais elle était subjuguée par le poète du Draâ, qui maniait si bien le
verbe.
Sidi H'ammu n'était pas encore poète et souffrait de ne
pas se défendre par le même moyen que son rival. Il se rendit sur le
tombeau d'un saint local, Sidi Brahim, et le supplia de lui accorder le
don de poésie. Le saint se montra sensible à sa demande et exauça son
vœu. Sidi H'ammu convoqua alors le poéte et lui demanda de se mesurer
avec lui dans une joute poétique à laquelle devaient assister des
connaisseurs. Le poète du Draâ récita alors une poésie, qui était très
belle, mais celle que composa Sidi H'ammu l'était encore plus.
Son
adversaire, reconnaissant sa supériorité se retira. Le poème composé à
cette occasion, nous est parvenu sous le titre de Fad'ma Tagurramt. Il
est plein d'images et de symboles, suggérant la beauté de la jeune
femme et la violence des sentiments qui secouent le poète. Voici un
extrait de cette pièce célèbre, recueillie par Johnston au début du
vingtième siècle.
« Le nuage se fond dans les ténèbres, la brise se perd dans la rivière :
Que l'eau emporte les feuilles flétries !
Pèse tes paroles plutôt que tes richesses
Quant à l'argent, il n'y en a pas sans alliage
Est-ce que je demande au chameau la noblesse du cheval.
Le laurier-rose me donnerait-il de la douceur ?
On ne cherche pas un lieu sec dans l'océan.
Et moi, puis-je espérer une réponse d'un mort ?
Oranger que ta beauté est grande, à toi qui es si petit ?
Par quelle loi est-il permis au corbeau de dévorer un fruit si doux ? ».
(Johnston.
Le poème de Fad'ma Tagurramt, avec sa tradution française, tome II des
actes du XIV congrès des Orientalistes, Alger 1965).
Sidi H'ammu
aurait été le comtemporain du fameux Sidi'Abd al Rah'mân al Majd'ub,
avec qui il engagea également une joute poétique, lui parlant en
berbère, l'autre en arabe. Originaire d'Awluz, Sidi H'ammu mourut chez
les Iskrouzen où son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage. Par
Haddadou
Voici quelques uns de ces poemes:
Je sais que certains poèmes peuvent blesser certains lecteures surtout quand il est question de la femme. Mais vous savez notre époque n`est pas celle de Sidi Hêmmu !! Il ne faut pas en conséquence le juger avec les yeux d`aujourdh`hui
1-Irhêm k a Sidi Hemmu U ttaleb inna igllin :" Lbur d lqbur ad swa d urwas igh gisen yan, imma inna gh a k ur zziwizen u aman hâca a ig lmakan".
Sidi Hemmu trouve qu`un lieu aride et une tombe sont semblables à un enfer et ajoute que sans eau la vie n` est point possible
2- Inna dagh :"Tamghart d illis, a lmasâybat igh munt"
Quand l`épouse et la belle-mère sont ensemble, c est pour créer des problèmes
3-Inna dagh : "Tawtemt ikkan asggwas ur d izuyd lxir, ssâfd a wi gar amud ad ur izayd làar``
Sidi Hemmu demande purement et simplement de renvoyer la femme( sous entendue) qui n`a pas eu d`enfant au bout d`une année de mariage
4-Inna dagh : " tamghart zund abenkal an yaggugen aman, utin gis inaghan imugas, kullu tga ssem"
Sidi Hêmmu parle ici de la méchanceté de la junte féminine qu`il exagère bcp bien évidemment.
5- Inna dagh : " A mu uhmegh d walli yumern i lbnya gh u asif, idûf nit lbujjat u aman sul imdi llûh``
Sidi Hemmu s`étonne de celui qui fait naivement confiance aux personnes qui en sont indignes ( le sens est sous entendu bien sûr) !
6- Inna dagh :" Kul mma ibna yan bla ssâhêt ar as d ittâr, kul mma icca yan igh ur inwi da teberrin"
Sidi Hemmu recommande que les choses soient faites dans les règles.
7- Inna dagh : " kul mma innan "a Rebbi" ssâhêt af ibna awal, yuf yan innan "i Rebbi" yan sis itgallan".
Sidi Hemmu recommande de toujours compter sur Dieu et ne pas faire appel à lui dans ses serments..