la charte d'Agadir

Historique de la charte d'Agadir

      

La Charte d'Agadir du 05/08/1991, signée au début par les représentants de six associations culturelles - Brahim Akhiyat au nom de l'Association marocaine pour la recherche et l'échange culturel (Amrec), Lahcen Gahmou       au nom de l'association de l'université d'été d'Agadir (UEA), Lahoucine Akhiyat au nom de l'Association nouvelle pour la culture et les arts populaires (Ancap, devenue Tamaynut), Ec Chami Mohamed au nom de l'association Ilmas, Ali Harcheras de l'association culturelle Ghris (devenue association socio-culturelleTilelli) et Hamza Abdellah Kacem a nom de l'association culturelle Souss - revendiquant, avec des formes diverses, la reconnaissance de la berbérité du Maroc, présente des particularités à plusieurs niveaux. Elle est le premier texte collectif regroupant les principales revendications du mouvement culturel amazigh.       Elle a été ensuite considérée comme le socle de l'évolution de ce mouvement dans les années quatre-vingt-dix. En effet, après la constitution du Conseil national de coordination entre les associations culturelles amazighes au Maroc en 1994, le protocole de coordination  instituant ce conseil exige des associations désirant y appartenir de signer la Charte. Ainsi le nombre des associations signataires a augmenté avec le développement de la revendication culturelle jusqu'à 1996 où le CCN a changé de statut et ne trouve plus nécessaire l'insistance sur la Charte, et ce, après la rédaction de la lettre déposée au Cabinet royal dont les associations signataires revendiquent la constitutionnalisation de l'amazigh comme langue officielle au côté de l'arabe (la Charte s'es contentée, pour des considérations particulières, de revendiquer la reconnaissance officielle de l'amazigh comme langue nationale). Lahoucine Ouazzi rapporte l'historique de la Charte dans une thèse de doctorat portant sur le mouvement culturel amazigh au Maroc et soutenue à Rabat en juin 2000. Il relate que la Charte était l'aboutissement de réflexions individuelles et collectives. Ahmed Boukous, sociolinguiste et berbérisant marocain, dans une conférence à la première rencontre de l'UEA en 1980, pense que, pour résoudre la question linguistique nationale et parer à l'hégémonie culturelle et linguistique étrangère, il faudrait élaborer une charte nationale déterminant les places, fonctions et usages des deux langues nationales, l'amazigh et l'arabe. Par ailleurs,  l'assemblée générale de l'Ancap, réunie en 1981, adopte l'idée de la nécessité de l'élaboration d'une charte pour résoudre la problématique  culturelle et linguistique nationale et construire une culture nationale progressiste et démocratique. L'idée resurgissait de nouveau après la  sortie d'Ali Sadki Azayku de prison en 1983. Elle a pris la forme d'un livre blanc sur la langue et la culture amazighes à partir des papier confiés à des berbérisants qualifiés. Mais d'autres circonstances ont empêché la réalisation de cet objectif. Il faut attendre 1991 pour que  Lahoucine El Moujahid (membre de l'Amrec et linguiste) propose, lors d'une réunion des instances de l'Amrec, de se charger de la rédaction d'une Charte sur la langue et la culture amazighes à partir de divers dossiers préparés. Ainsi fut le texte que les six associations susmentionnées ont adopté le 05/08/1991. La Charte propose de reconnaître la diversité culturelle du Maroc et remarque   que, malgré l'ancrage historique et social des langue et culture amazighes dans la terre marocaine et leur importance dans le façonnement des imaginaires individuels et collectifs, aucune loi ne les reconnaît. De ce fait, elle porte à l'intention de l'opinion nationale la nécessité de la  construction d'une culture nationale et démocratique et détermine les principales revendications des Associations signataires.